Ordre scout et ordre chrétien

Le scoutisme catholique constitue en effet, par son mode d’organisation, comme un retour en chrétienté , en proposant à son niveau un ordre temporel chrétien, un ordre laïc chrétien autonome qui s’appuie évidemment sur l’ordre surnaturel de l’Église. […] Il réalise en somme une mico-chrétienté dans un monde sécularisé, un pôle de civilisation d’où se répand lumière et pureté ” Comme la pénicilline repousse l’infection et crée des zones purifiées où peuvent se refaire de nouveau tissus, disait le Père Revet, avec l’aide du Seigneur et par sa grâce, nous avons l’humble confiance que nous apporterons quelque chose au salut de ce monde où Satan a jeté tant de germes de révolte et de corruption. ”
“L’image-force du scoutisme SDF, résume bien Philippe Laneyrie dans Les Scouts de France (Cerf, 1985, p.326), était celle d’un Ordre laïc […] qui perpétuait chez les adolescents la conviction que le scoutisme leur apportait, au delà de ses méthodes et de ses techniques, un être quelque peu transcendant ainsi que l’appartenance à une communauté à part, appartenance qui d’ailleurs n’était reconnue qu’à la suite d’une véritable intronisation (la promesse scoute) dont Dieu et les autres scouts étaient les témoins et les garants […] Cela ne signifie pas que le scoutisme “d’avant” [la réforme] était hors du monde  : mais il n’était pas “du monde” au sens précisément où l’entendent les ordres religieux. Il était animé quelque part par la conviction profonde que son royaume, au fond, n’était pas de ce monde. ”
Cette conviction, qui a disparue avec ce que Laneyrie appelle la “sécularisation” du mouvement (1963-1973), est justement ce qui définit une chrétienté  : cette alliance du sol avec le Ciel […] Dans ce monde, mais non pas de ce monde, les scouts fidèle au Père Sevin aspirent à former une parabole vivante de la chevalerie, un modèle original de micro-société, appliquant pro domo les principes de la chrétienté. Leur scoutisme montre l’exemple d’une proclamation de la royauté de Jésus Christ non seulement sur les âmes mais aussi sur une institution ad hoc. Il ouvre la voie d’une restauration d’un ordre temporel chrétien en commençant par lui…
[…] C’est une institution vivante et remarquable, qui attire, forme, convertit puis envoie ses fidèles en mission dans le monde. Bref, le scoutisme est missionnaire comme une ” structure de bien ” , le contraire de ce que Jean-Paul II appelle aujourd’hui les ” structures de péché ” . Si ces dernières s’appuient sur la loi de concupiscence et le désordre révolutionnaire pour mener leur œuvre de mort en décuplant les péchés personnels, les structures de bien, comme le scoutisme, doivent s’appuyer sur la loi d’Amour et l’ordre naturel et surnaturel chrétien pour décupler les vertus et sauvegarder une civilisation chrétienne. Cela implique notamment une conception idoine de l’ordre moral et de la loi naturelle et surnaturelle, de l’obéissance et de la hiérarchie.

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