Croisade

Il est toujours bon, pour ne pas vieillir, de se retremper dans l’esprit de ses origines. Or, notre esprit est un esprit de Croisade, ou bien nous n’y sommes plus.

Père Sevin. “La promotion de Jésus – Christ”. Le Chef n° 99, p. 2, janv. 1933

La Croisade, que fut-elle ?

 Avant tout, un mouvement. Même au sens le plus matériel. car elle mit en branle des peuples entiers et les envoya à travers l’Europe et l’Asie Mineure, piétaille innombrable, combattre et mourir sous les murs d’Antioche, de Saint-Jean d’Acre ou de Jérusalem : quand on prenait la croix, ce n’était pas pour garder la chambre.
Mouvement donc, et de délivrance plus encore que de conquête. Il ne s’agissait pas de se tailler des duchés ou des royaumes, (bon pour les égoïstes de se diminuer ainsi après coup!) mais ce qui a fait vibrer, tressaillir la chrétienté, c’est, la grande pitié du Saint-Sépulcre et des Pèlerins de Terre Sainte, et Saint Louis en se croisant songeait moins à conquérir qu’à convertir.
Mouvement de libération, guerre de délivrance, la Croisade. N’avons-nous donc rien à délivrer autour de nous ? Toute cette génération d’après-guerre si effroyablement égoïste, si prisonnière de son égoïsme, si honteusement captive de son respect humain, si lâchement asservie à son confortable ! La belle vie libre, franche et rude, n’est-ce pas celle que nous prêchons, et l’appel scout n’est-il pas d’abord l’appel à sortir de nous-mêmes et à nous libérer pour aider les autres à en faire autant ? Tant d’âmes, tombeaux du Christ (oui, vraiment, car selon les apparences il les a désertées ou il y gît inerte), sont encore, après dix-neuf siècles, entre les mains de l’Infidèle et de l’Adversaire par excellence. Ces terres-là, ces terres spirituelles, elles relèvent du Christ, elles doivent faire retour à la Chrétienté. Mais pour cela, il faut d’abord que nous soyons nous-mêmes, résolument, Chrétienté.

Père Jacques Sevin, Commissaire à la formation des Chefs. Dernier éditorial d’année du Chef, Janvier 1933

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